La circulaire du 18 novembre 1991 reprend ainsi l’historique de la scolarisation
des enfants handicapés à l’école primaire :
(…) La loi du 15 avril 1909 avait créé les ‘’classes
de perfectionnement ‘’ annexées aux écoles élémentaires,
pour l’accueil des enfants ‘’arriérés’’. Beaucoup plus tard
a été organisé l’accueil, dans les écoles ordinaires,
d’élèves présentant d’autres formes de déficiences,
en particulier physiques et sensorielles, génératrices d’incapacités
et de handicaps.
La loi d’orientation en faveur des personnes handicapées du
30 juin 1975, a affirmé le principe de l’obligation éducative,
ainsi que celui de l’intégration scolaire des jeunes handicapés.
La loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989, rappelle
dans ce domaine le rôle de l’institution scolaire.
Les circulaires des 29 janvier 1982 et 1983 ont, d’une part, fixé
les grandes lignes d’une politique d’intégration scolaire et, d’autre
part, apporté des précisions quant aux moyens de sa mise
en œuvre. Afin de faciliter et d’encourager les actions d’intégration,
la circulaire du 06 septembre 1991 en a défini les conditions, les
formes et les modalités.
La rédaction nouvelle des annexes XXIV du décret modifié
du 09 mars 1956 et des circulaires interministérielles d’application
du 29 avril 1988 et du 30 octobre 1989 souligne l’importance de l’action
éducative auprès des élèves handicapés
accueillis dans les établissements spécialisés, ainsi
que celle des pratiques visant à leur intégration scolaire.
Ainsi un contexte nouveau, qui vise à faciliter l’intégration
des élèves handicapés, est défini. La nécessité
et le rôle des classes spécialisées, qui permettent
des actions adaptées aux handicaps et des situations, s’en trouvent
soulignées. Cela implique une nouvelle définition des objectifs
et des modalités de l’accueil collectif d’élèves handicapés
à l’école maternelle et élémentaire et, plus
particulièrement, des objectifs de l’organisation et du fonctionnement
des ‘’classes spécialisées’’ (…)
C’est à dire CLIS – Classes d’Intégration Scolaire.
Les textes ont donc prévu différentes ‘’entrées
‘’ en scolarisation et différents ‘’degrés’’ d’intégration
:
- individuellement en classe ordinaire ;
- collectivement dans une école ordinaire (classe de perfectionnement
ou CLIS) ;
- dans une école intégrée dans un établissement.
Ceci afin de s’adapter au mieux aux problématiques, besoins
et évolutions des enfants handicapés.
Cependant :
- Il nous paraît dangereux de confondre scolarisation et intégration scolaire comme le fait l’administration. Les enfants handicapés peuvent aborder l’une et l’autre à des degrés divers.
- Il est évident que certains types de scolarisation paraissent
plus coûteux que d’autres. La tentation est ainsi grande pour l’administration
de l’Education nationale :
* de privilégier l’intégration en classe ordinaire puisque
c’est l’enseignant ou l’école qui en porteront la quasi- seule responsabilité
sans aide supplémentaire comme on le constate déjà.
Ainsi, dans une école, l’achat de deux ordinateurs PC nécessaires
à des élèves handicapés a été
supporté par la coopérative scolaire. Dans d’autres cas,
il a été fait appel à des associations privées
( Rotary, Lion’s club,…)
* de faire porter le coût nécessaire au bon accueil à
d’autres : collectivités locales, autres ministères (remplacement
des moyens Education nationale par des moyens Santé), sans pour
autant
favoriser le travail en réseau, ni mettre en place un véritable partenariat. Chacun semblant vouloir garder ses prérogatives.
- Une autre tentation de l’administration est de limiter l’offre de scolarisation et les moyens de l’intégration en diminuant le nombre d’enfants reconnus comme handicapés. Une pression existe ,en effet, sur les commissions. Ainsi, cette non reconnaissance du handicap de certains enfants permet de ne pas ouvrir de classes spécialisées supplémentaires.
Dans la circulaire du 18 novembre 1991,
- l’intégration en milieu scolaire ordinaire est une priorité
afin de favoriser l’épanouissement personnel et intellectuel du
jeune, le développement de ses capacités et l’acquisition
de connaissances.
- La scolarisation doit aider à une meilleure insertion professionnelle
et sociale dans le devenir de l’adulte handicapé.
Il y a quatre sortes de CLIS :
- 1. Handicap mental
- 2. Handicap auditif
- 3. Handicap visuel
- 4. Handicap moteur
A toutes les CLIS, s’impose le suivi des programmes et contenus de l’école
ordinaire avec des adaptations ‘’techniques’’ à chaque handicap
;
Pour les CLIS 1, il s’agit de révéler et développer
les capacités des jeunes handicapés à :
- accéder aux apprentissages scolaires fondamentaux (cf. programmes)
- accéder à un niveau de scolarisation satisfaisant,
et ce, de manière positive et durable en respectant la singularité
des cas…
Nous craignons qu'il y ait une définition de plus en plus floue du handicap mental (caractère évolutif, dysharmonique) et que l’institution scolaire se renferme sur la transmission des savoirs et des savoir-faire, sur le développement des capacités cognitives. Ceci à l’exclusion de toute autre approche et au détriment du respect de la personnalité de l’enfant handicapé, dans sa totalité.
Les CLIS ne se sont pas substituées à toutes les classes
de perfectionnement.
Il y avait 39 classes de perfectionnement en 1996 et il y en aura
encore 12 à la prochaine rentrée.
1.public concerné par la CLIS
Le recrutement des CLIS n’a pas changé : seuls les enfants
dont le QI est inférieur à 70 sont admis en CLIS.
Pourtant, les textes rappellent que le recrutement ne doit pas
se faire sur ce seul critère (cf. la circulaire du 18\11\91).
Cette tendance ne semble pas vouloir s’inverser.
En effet, dans ses dernières propositions pour les CLIS,
la volonté ministérielle est de recruter des enfants ayant
un taux de handicap reconnu supérieur à 50% et bénéficiant
à ce titre de l’A.E.S. (l’Allocation d’Education Spécialisée).
Et quand la commission se prononce sur une orientation,
elle ne se soucie, ni du projet de la classe, ni de la population déjà
présente dans la classe. Ce qui a pour effet une très grande
hétérogénéité du public accueilli (niveaux
de déficience, pathologies psychiques…et enfants âgés
de 6 à 12 ans).
2. Public concerné par les classes de perfectionnement
On peut se demander où sont orientés les enfants qui relèvent
des classes de perfectionnement.
Dans les faits, ils le sont soit dans les classes de perfectionnement
qui existent encore, ou alors ils restent ou réintégrent
les classes ordinaires, sachant qu’à partir du cycle III les enfants
bénéficient rarement de l’aide du réseau.
Face à cet état de fait et au désarroi des enseignants des classes ordinaires, l’administration a trouvé comme palliatif :
a) la mise en place de classes d’adaptation fermées qui ne les
accueilleraient qu’un an.
Ceci bien sûr, sans se doter des moyens nécessaires en
personnel. Ce qui implique le démantèlement du RASED (affectation
du maître E en classe fermée ce qui ne lui permet plus d'intervenir
en regroupement d'adaptation.
b) la mise en place des PPAP (Projet Personnalisé d’Aide et de Progrès, cf. circulaire de nov . 1998) que l’instituteur et le RASED élaborent en commun. Ces projets ressemblent « fortement » aux projets individuels que doivent rédiger les enseignants spécialisés.
1) le manque de temps institutionnel
Il faut dégager du temps pour :
La plupart de ces temps sont pris bénévolement, l’administration
ne reconnaissant pas leur existence propre.
Souvent, il est impossible d’obtenir des décharges pour les
diverses synthèses.
Cette non reconnaissance revient à nier toute une partie de
nos missions d’enseignants spécialisés.
Nous-mêmes nous nous sentons piégés par l’administration
qui profite de notre conscience professionnelle.
2) le manque de contacts possibles avec les psychologues scolaires
Par manque de temps, dû à leur emploi du temps surchargé, nous ne les rencontrons souvent que lors des révisions de dossiers et rarement pour évoquer les problèmes auxquels nous devons faire face au sein de notre classe.
3) le manque de personnel spécialisé
Il entraîne des nominations à titre provisoire et donc un manque de stabilité et de continuité dans les relations :
4) le manque de concertation
Il n’y a pas toujours de prise en compte et d’analyse des besoins réels
du terrain lors de l’implantation d’une CLIS.
L’ouverture d’une CLIS nécessite une coordination de tous les
acteurs concernés (éducation nationale, intervenants extérieurs,
pouvoirs publics et parents).
5) le manque de moyens spécifiques alloués aux classes spécialisées
On peut rappeler que l’intégration des handicapés
est une priorité nationale.
Les collectivités locales ne se donnent pas les moyens d’appliquer
la loi de 1975 et la loi d’orientation de 1989. Elles considèrent
la plupart du temps une CLIS comme une classe ordinaire pour les subventions
de fonctionnement qu’elles accordent aux écoles.
6) l’absence des enseignants aux CCPE
Les enseignants des classes spécialisées ne sont jamais « invités » aux réunions de CCPE. On leur demande juste de remplir la feuille de renseignement.
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