Les établissements spécialisés

Les établissements spécialisés ont vu de nombreuses évolutions depuis la publication du décret du 9 mars 1956 organisant la scolarisation des enfants et adolescents handicapés.
Le décret du 27 octobre 1989 et ses circulaires d'application ont défini les nouvelles conditions techniques d'agrément.
La notion de prise en charge globale en assure la cohérence, et la place de l'enseignement y est clairement réaffirmée.
Les établissements spécialisés accueillent des enfants aux handicaps divers. Un instituteur spécialisé peut, selon l'établissement dans lequel il exerce, prendre en charge la scolarisation d'enfants déficients intellectuels, d'enfants ayant des troubles du comportement ou de la personnalité, d'enfants infirmes moteurs ou malades, d'enfants psychotiques...
La diversité des handicaps nécessite des formes diversifiées de prise en charge scolaire, au sein de groupes aux effectifs variables en fonction des difficultés. La constitution de petits groupes en raison des problèmes rencontrés, ainsi que l'accueil d'enfants de plus de 16 ans ne sont pas toujours compris par certains responsables   de   l'administration   académique.   Cette incompréhension a eu pour conséquence la fermeture de trois postes d'enseignement l'an dernier dans les établissements spécialisés.
Les établissements pour adultes  sont complets depuis quelques années : en conséquence les jeunes restent dans les établissements pour enfants, qui ne peuvent plus accueillir les plus jeunes. Ainsi, on retrouve en primaire, au collège des enfants qui relèvent d’un établissement, déjà orientés par la CDES, mais inscrits sur une liste d’attente.
De la même façon, une interprétation restrictive des textes, associée à une volonté de récupération de moyens a conduit les responsables académiques à supprimer six demi-décharges de service de directeurs pédagogiques dans six établissements spécialisés du département. Cette mesure a eu pour effet de perturber gravement le fonctionnement du service public d'éducation dans ces structures où la prise en charge globale de l'enfant s'impose par les textes. La présence d’un directeur pédagogique avec une décharge complète est absolument nécessaire pour assurer la pérennité de l’école dans l’établissement. Les missions des directeurs pédagogiques  restent  cependant  toujours   les   mêmes :

L'administration académique veut ignorer la situation dans laquelle elle les a mis.

Type de population

Les établissements reçoivent des enfants, des adolescents et des jeunes adultes présentant une déficience intellectuelle associée ou non à des troubles du comportement, de la personnalité et de la communication.Cette prise en charge s'effectue au titre de la loi de 1975 et des annexes XXIV après orientation par la CDES ou placement par les magistrats en raison de l'agrément justice des établissements. La population accueillie est confiée à l'établissement via la C.D.E.S, l'A.S.E, la "Justice" ou différents organismes (C.M.P.P, C.M.P, C.M.P.S, établissements...). Il est à souligner que ce mode de travail en " collaboration " avec d'autres structures existe depuis 1960, c'est à dire bien avant l'apparition des textes. La présence des instituteurs sous conventions dans les établissements de statut privé s'est généralisée à partir de 1964.

Ces conventions administratives impliquent pour les partenaires Education Nationale et Santé une collaboration sur des objectifs élaborés en commun.

Aujourd'hui l'Education Nationale semble vouloir mettre un terme à cette collaboration en favorisant exclusivement l'intégration des jeunes en milieu ordinaire rejetant du même coup les jeunes en difficulté dans le champ du pathologique

Principes généraux

Quel que soit le " handicap " les annexes XXIV stipulent que la prise en charge doit être globale (accompagnement de la famille, soutien ou acquisition de connaissances, action pour développer la personnalité et l'insertion sociale ). "L'ensemble des personnels ( médicaux, paramédicaux, sociaux, éducatifs) y participe dans le cadre d'un projet pédagogique, éducatif et thérapeutique individualisé. Le directeur de l'établissement... en assure la cohérence et la responsabilité d'ensemble ainsi que la coordination avec les intervenants extérieurs " (annexes XXIV Article 10). " L'établissement s'assure le concours d'une équipe pédagogique et éducative, selon l'âge et les besoins des enfants : des enseignants assurant la formation scolaire et professionnelle des enfants et des adolescents par des actions pédagogiques adaptées (instituteurs spécialisés titulaires du C.A.P.S.A.LS, professeur d'enseignement général... " ( annexes XXIV Article 13). Elles reconnaissent et affirment le droit à l'éducation scolaire pour tous. Pour cela, l’Education nationale doit maintenir des postes d’enseignants spécialisés au sein des établissements pour assurer la scolarisation des élèves handicapés qui ne peuvent pas être intégrés dans le milieu ordinaire ; ou pour accueillir les enfants qui ne peuvent plus rester dans leur structure d’origine. Le projet éducatif, pédagogique et thérapeutique est, de plus, agréé par la CROSS qui place ces établissements dans l'obligation d'accueillir des jeunes jusqu'à 20 ans suite à une orientation CDES. Ces annexes organisent également le maintien en milieu ordinaire et l'intégration scolaire toutes les fois que cela est possible. En conséquence de cette volonté d'intégration les missions et l'organisation des services d'éducation et des soins à domicile (S.E.S.S.A.D) sont renforcées. A cette fin des conventions sont signées entre les partenaires de l'Éducation Nationale et les établissements qui bénéficient d'une habilitation justice-santé-éducation nationale. Il faut permettre l’intégration des jeunes élèves handicapés en maternelle, en primaire, en CLIS, en SEGPA, au collège grâce au soutien d’un service de soins et par l’intervention d’un enseignant spécialisé.

Dans cette perspective notre objectif reste de donner du " sens " à l’histoire individuelle de chacun des jeunes face aux apprentissages, de leur permettre une réparation de l’image de soi dévalorisée qu’ils ont d’eux face à l’école et à la dynamique d’apprentissage. On ne peut au nom, d’une pensée unique et inique, oublier que ces jeunes, au cours de leur scolarité en milieu ordinaire, se sont construits dans l’exclusion scolaire. C’est donc une construction psychique qu’il nous faut aider à déconstruire en leur donnant le temps de reconstruire une image positive de " l’école " et de " soi à l’école " qui, seul, permet d’éviter et/ou de faire face à la violence réciproque qui émerge au sein de tous les établissements scolaires. La mission de l’enseignant devient, ici, celle de créer un cadre, suffisamment souple et ouvert, une structure qui soit un lieu de cohérence et de cohésion, un espace qui leur permette de devenir ce qu ‘ils sont : des êtres de parole. Si en effet les jeunes en établissement sont en difficulté par rapport aux contenus d’enseignement et à leurs processus d’élaboration et de mise en oeuvre ils sont d’abord et surtout en difficulté face à l’école vécue le plus souvent sur un mode persécutif. Une réponse purement technicienne reste insuffisante pour dépasser cette situation où la/les difficultés de l’élève sont engluées dans les difficultés de l’enfant/adolescent/jeune adulte. C’est en effet la personne dans toute sa complexité que l’on est amené à rencontrer. La pédagogie elle-même doit être un moyen privilégié pour créer une dynamique d’apprentissage du sujet dans son rapport au monde et à l’autre. On n’apprend pas tout seul mais dans la confrontation à l’autre, à la pensée de l’autre.. Une des fonctions de l’enseignant est, peut-être de lui permettre de devenir autonome (autonomie vient de " mono " : loi) afin qu’il s’administre lui-même et ne soit plus assisté.

" Cet instant où, tout à la fois, l’enseignant est porté par l’exigence de ce qu ‘il dit, par la rigueur de sa propre pensée et des contenus qu ‘il doit transmettre et où, simultanément, il aperçoit l’élève concret, un élève qui lui impose un décrochage, un décrochage qui n ‘est en rien un renoncement... et ce moment n ‘a rien à voir avec " une centration " abstraite sur un sujet épistémique... un moment où sans rien renier de son projet de transmettre, le maître découvre que l’élève en face de lui échappe à son pouvoir, ne comprend pas, souffre... "

(P. Meirieu, La pédagogie entre le dire et le faire, E.S.F)
 

Cette attitude impose à l’enseignant d’assumer trois rôles :
"transmetteur du savoir" : acquérir des compétences techniques et culturelles
" gestionnaire des conflits" : aider le jeune à faire preuve d’un minimum de plasticité de la personnalité dans ses rapports aux autres
"garant du lien social" : lui permettre de nouer, d’entretenir des relations duels ou/et groupales L’articulation de ces trois attitudes est au centre de la relation pédagogique : de ce moment pédagogique " où la résistance du sujet à la volonté de l’éducateur " rencontre " le travail de l’éducateur sur cette résistance " comme le souligne P. Meirieu.

Les problèmes

L’absolue nécessité dans laquelle nous sommes de rencontrer l’élève singulier au travers de la personne dans toute sa complexité nécessite que les moyens mis en oeuvre pour la prise en charge pédagogique des jeunes en grande difficulté ne puissent se faire en terme " technobureaucratique " de gestion des effectifs en rapport avec des normes générales. C’est au niveau de chaque institution que doit être négocié le rapport instituteurs/élèves. Celui-ci, si l’on veut que l’action pédagogique soit efficace, ne peut que difficilement être au-dessus d’un enseignant pour huit élèves dont la problématique s’exprime dans la manifestation violente ou muette de leur souffrance à être " exclus " de la collectivité en étant exclus des apprentissages. Car la classe n’est en rien une communauté qui implique que chacun de ses membres a décidé librement d’y adhérer mais est un ensemble d’êtres qui doivent s’accepter pour advenir. Il n’est pas acceptable que l’administration tente d’imposer des normes surréalistes en bafouant même les prescriptions des Annexes XXIV dont elles sont cosignataires : la scolarité des jeunes de plus de 16 ans est un droit pour les jeunes et un devoir pour l’Education Nationale on ne peut d’un coup de plume la laisser aux organismes privés de formation pour jeunes adultes, l’intégration scolaire nécessite l’articulation des fonctions de l’école et de celles de l’établissement y compris celle pédagogique... Il faut rappeler que les annexes XXIV fixent un nombre maximal d’élèves par classes et non un minimum.

Dans certains établissements, la population accueillie varie de façon importante (environ 15 nouvelles inscriptions par an), sans création de poste.
 

Le directeur

Plus particulièrement la position du directeur pédagogique en établissement participe de la volonté de l’Education Nationale de répondre aux besoins des jeunes en difficulté au sein de ces établissements. Il assure la liaison entre l’Education Nationale et l’Etablissement à travers des contacts avec le chef d’établissement, participe à l’évaluation de la possibilité et des modalités de la " prise en charge " engage les démarches administratives nécessaires (demande de dérogation, dossier C.C.P.E...). Dans le cadre de l’intégration il suit plus de 200 jeunes au travers des relations nécessaires entre l’établissement et les "écoles" d’accueil.

Les problèmes actuels
 


Revendications immédiates


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