Adaptation : mission et évolution de la fonction de Maître ELe maître E est chargé de l’adaptation c’est à dire de l’aide à dominante pédagogique au sein des Réseaux d’Aides Spécialisées.
Extraits : Circulaire Avril 90 : Mise en place des R.A.S.E.D.
Les aides spécialisées à dominante pédagogique ont pour objectif d’améliorer la capacité de l’élève à dépasser les difficultés qu’il éprouve dans ses apprentissages scolaires, à maîtriser ses méthodes et ses techniques de travail , à prendre conscience de ses progrès en suscitant l’expérience de la réussite. Elles impliquent la cohérence entre les caractéristiques psychologiques de l’enfant d’une part, les méthodes mises en œuvre et les finalités de l’enseignement d’autre part.
L’aide à dominante pédagogique ne se substitue pas
à l’action des maîtres des classes ordinaires.
Elle ne peut se réduire à une somme d’interventions ponctuelles
compensatoires visant la restauration de tel ou tel déficit évalué
ou de telle ou telle compétence requise mais elle tend à
:
- Restaurer chez l’élève en difficulté à
l’école, sa capacité à donner du sens au savoir, à
maîtriser les techniques d’apprentissage pour qu’il puisse vivre
l’expérience de la réussite.
- Tenter de réconcilier, lorsque cela s’avère nécessaire,
l’enfant avec l’école, avec les apprentissages.
- Favoriser les relations entre l’école et la famille.
Il s’agit donc pour le maître E :
Extraits de la circulaire d’avril 1990
Lorsqu’une action d’aide spécialisée à dominante pédagogique a été décidée, l’intervenant concerné poursuit l’analyse des difficultés de l’élève, développe en fonction de ses compétences ses propres observations et s’efforce de saisir tous les aspects des difficultés éprouvées par l’enfant. Sur ces bases, il conçoit et explicite avec l’enfant et sa famille, les conditions dans lesquelles l’action d’aide spécialisée est entreprise. L’action d’aide spécialisée est ainsi formulée dans un projet qui donne lieu à la rédaction d’un document écrit . Ce document : décrit le cas à analyser, énonce la stratégie envisagée, prévoit la démarche et les supports, donne une évaluation de sa durée, élabore les modalités de son évaluation.
La circulaire de 90 donne un modèle idéal de prise en charge de l’enfant en difficulté qui nécessite des moyens en postes, en temps, en formation (initiale et continuée), en information.
Les constats sur le Calvados contredisent cette volonté de
prise en charge de la difficulté scolaire.
Actuellement , 17 postes d’adaptation ne peuvent être tenus par
des enseignants spécialisés (C.A.P.S.A.I.S. E) faute de maîtres
formés. Or, cette année (2000-2001) un seul départ
en formation E est prévu. De nombreux départs à la
retraite vont intervenir au cours des années prochaines. Rien n’est
prévu pour faire face à ce déficit pourtant prévisible.
Compte tenu du manque d’intervenants sur le terrain, le secteur d’intervention
s’agrandit chaque année, ce qui conduit à un saupoudrage
des actions, à une perte des efficacités, à
un constat d’inefficacité qu’il est ensuite facile de sanctionner
en supprimant le poste…
Plusieurs RASED dans le Calvados n’ont plus de maître E. Dans
d’autres écoles, le maître E fonctionne seul, sans appartenance
à une équipe de RASED. Ailleurs le maître E travaille
avec trois RASED différents, ce qui rend impossible un travail d’équipe.
Devant l’urgence des besoins en CP/CE1, certains IEN estiment inopportune
l’intervention du maître E en maternelle, niant ainsi son rôle
dans la prévention de la difficulté scolaire. Le même
raisonnement vaut pour le cycle III qui ne bénéficie d’aucune
aide. Or dans la circulaire du 13 janvier 2000, on lit :
Les enseignants du premier degré spécialisés dans l’aide aux difficultés scolaires ont vocation à faciliter l’adaptation des élèves au collège pendant les premières semaines de l’année de 6ème, selon des modalités à déterminer par l’Inspecteur d’Académie.
Quelle cohérence pédagogique les maîtres spécialisés peuvent-ils avoir en 6ème si aucune intervention n’est prévue pour le cycle III ? Le maître spécialisé aurait-il le don d’ubiquité ?
Le maître E se doit de prévoir des temps de concertation réguliers avec les maîtres des classes des différentes écoles dans lesquelles il intervient. Qu’en est-il lorsque le nombre de ces classes oscille entre quinze et vingt. Il doit rencontrer régulièrement les parents mais aussi les différents intervenants auprès de l’enfant (orthophoniste, services d’aide extérieurs, accompagnement scolaire, services sociaux, médecine scolaire…).Nécessité qui devient une gageure lorsque les prises en charge se multiplient.
La circulaire d’avril 90 fait obligation de formation continuée mais rien n’est fait dans ce sens et les formations spécifiques indispensables pour une prise en charge de qualité sont refusées (ex : Stage avec le groupe d’études pour les activités logico-mathématiques estimé trop onéreux) ce qui amène à orienter vers le secteur privé (orthophonistes) un nombre important d’enfants qui présentent des difficultés d’apprentissage.
Dans certaines écoles, une tentative a lieu pour transformer la mission du maître E en leur confiant un groupe d’élèves quotidiennement en vue de l’apprentissage de la lecture, ce qui est un détournement de la mission du maître E, mission qui ne s ‘entend qu’en collaboration avec l’enseignant chargé de la classe en préservant son rôle de tiers. Ceci afin de maintenir une pluralité de points de vue et un ensemble de regards croisés : cognitifs, psychologiques, socio-affectifs .Dans le cas contraire, il y a risque d’une simplification à outrance du problème de la difficulté scolaire.
Rappel de la circulaire de 90 : "les aides spécialisées ne se substituent pas à l’action des maîtres".
Certains IEN demandent aussi que l’intervention en adaptation
se fasse en co-intervention au sein de la classe, ce qui remet totalement
en cause le fonctionnement de cette prise en charge : absence d’autres
propositions pédagogiques, impossibilité de faire formuler
sa démarche par l’élève, impossibilité pour
le maître E de jouer le rôle de tiers, impossibilité
pour lui d’offrir un autre lieu pour instaurer une autre relation.
Il y a parfois une confusion des rôles entre maître
E, maître de soutien, voire même aide-éducateur. Il
est nécessaire que les missions de chacun soient définies
et ne s’échangent pas.
Il faut maintenant se poser la question . Quelle volonté y a-t-il
derrière tous ces constats :
- laisser s’éteindre la fonction maître E en ne renouvelant
pas les départs en formation ?
- détourner les maîtres E de leur mission en les
transformant en instituteurs supplémentaires et ainsi répondre
à une revendication syndicale sans créer de nouveaux postes
?
- aller vers une privatisation de l’enseignement spécialisé
en réservant l’aide au secteur médical ?
Il apparaît nécessaire que les enseignants de l’école
maternelle et élémentaire fassent remonter les besoins d’aide
aux IEN et à l’IA .