Les rééducateurs

INDISPENSABLE SI L'ON SE RÉFÉRE AUX TEXTES OFFICIELS, ILS SONT EN VOIE DE DISPARITION DANS LE CALVADOS

1. UNE MISSION SPÉCIFIQUE

Le maître G chargé de rééducations participe depuis 1990 à la mise en place du dispositif défini par le texte sur les réseaux.

L'objectif est de valoriser la réussite scolaire de tous, dans une volonté d'équité, de justice et de non-ségrégation. Son travail s'inscrit dans un partenariat regroupant l'école, la famille, l'enfant et les services extérieurs.

La démarche professionnelle de chacun laisse apparaître des stratégies et des supports diversifiés résultant de la formation reçue dans les différents centres.

L'essentiel de notre mission peut s'énoncer et se résumer en deux actions essentielles :

Cette deuxième forme d'intervention du rééducateur dans l'école ne sera indiquée que si tous les moyens pédagogiques mis en oeuvre au préalable ont échoué.

Chaque intervention, qu'elle soit individuelle ou collective, est formulée dans un projet défini et explicité.

Il est ensuite contractualisé (accord de la famille, de l'école et de l'enfant). Les compétences de l'élève sont en jeu et la volonté de chacun est de les améliorer. Mais là où le pédagogique ne peut suffisamment aider, il est nécessaire d'instaurer un lieu intermédiaire : lieu-dit de différentes formes d'expression engageant le corps, la parole, les émotions, mais aussi les conduites intellectuelles dans un détour où peut se répéter l'histoire individuelle de l'enfant.

L'enjeu de la pratique rééducative est que la singularité de l'élève en difficulté soit acceptée, constructive et non plus synonyme d'échec, d'incompréhension et d'isolement (reconnaissance qui doit être l'affaire de tous).

" La restauration de l'estime de soi " recommandée par les textes officiels n'est réalisable que si déjà ces conditions sont remplies.

L'originalité, la richesse et l'intérêt de notre fonction est qu'elle délimite un champ d'intervention situé au-delà du soutien ou du " rattrapage ". Elle autorise au sein même de l'institution scolaire, un travail avec l'enfant considéré dans sa globalité.

Le moment de la rééducation est un moment autorisé de rupture avec l'élève en situation d'échec pour s'adresser à l'enfant. Il vient aussi apprendre... à se connaître, à s'aimer, à reconnaître... conditions essentielles pour que le " désir d'apprendre " puisse naître ou renaître.

2. HISTORIQUE Ils travaillent principalement dans les C.M.P.P. (postes détachés de l'Éducation Nationale).

Leur intervention consiste essentiellement en des actions ponctuelles et individuelles en réponse aux diverses inadaptations.

Parallèlement au développement important des classes et établissements d'enseignement spécial, va se développer l'idée de la nécessité de grouper les enseignants au sein d'une équipe et d'y développer des missions de prévention et d'adaptation.

Les G.A.P.P. (Groupe d'aide psychopédagogique) sont ainsi créés en 1970 : circulaire du 9 février. Ils comprennent deux rééducateurs (psychomotricité et psychopédagogie) et un psychologue : leur secteur d'intervention est délimité par un regroupement d'écoles dont l'effectif scolaire représente environ 1 000 élèves.

L'importance de la notion de prévention et du rôle que les G.A.P.P. doivent continuer à y exercer (diminution de la proportion des retards scolaires) est soulignée par la circulaire du 25 mai 1976.

L'action des rééducateurs ne se définit plus seulement par rapport à une démarche individuelle mais s'inscrit déjà dans une politique globale de lutte contre l'échec scolaire et contre la ségrégation (associés aux mouvements de rénovation pédagogique et à l'ouverture de l'école sur le monde extérieur).

La notion d'enfant en difficulté évolue... Les années 80 voient une volonté de l'Éducation Nationale de recentrer et reconsidérer l'acte pédagogique comme essentiellement centré sur l'élève.

Les notions de projet d'école, d'organisation en cycles mettent l'enfant au centre du système éducatif (loi d'orientation du 10 juillet 1989).

De psycho(motrice ou pédagogiques) les aides à l'enfant en difficulté vont devenir spécialisées et se feront au sein d'un système en réseau (prévu pour que chaque école puisse en bénéficier) et chaque école en bénéficie-t-elle correctement..

Les G.A.P.P. sont alors transformés en R.A.S.E.D. (réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) par la circulaire du 9 avril 1990.

Le maître revient en force. Tout élève en difficulté peut bénéficier de l'aide de trois d'entre eux : le maître de sa classe, le maître E chargé d'adaptation et le maître G chargé des rééducations.

Le public concerné :

tous les élèves de la petite section de la maternelle au C.M.2

3. UNE POLITIQUE CONTRADICTOIRE AVEC LA REALITE DU TERRAIN

La circulaire du 9 avril 1990 sur les réseaux d'aide à été à bien des égards satisfaisante pour bon nombre de rééducateurs qui ont vu leur fonction officialisée (substitution d'un diplôme national à une attestation d'étude).

Les deux difficultés qui nous paraissent essentielles résident dans la façon dont les instances hiérarchiques peuvent interpréter et utiliser la notion de regroupement des deux appellations originales (psychomoteur et psychopédagogique) et dans l'élaboration et l'utilisation des indicateurs d'évaluation (nécessaires à la redistribution des moyens).

Qu'en est-il au niveau départemental ?

En 1996 on constatait depuis le remplacement des G.A.P.P. par les réseaux (1990), une diminution très inquiétante du nombre des rééducateurs dans le Calvados, 15 postes avaient été fermés, 3 sont non pourvus et un poste dont le titulaire était parti en stage n'avait pas été remplacé. Si l'on prend en compte le départ de 8 personnes en retraite pour l'année prochaine, le bilan était inquiétant puisque l'on arrivait à 26 postes qui n’étaient pas occupés à la rentrée (en référence à la période où ces postes existaient dans les G.A.P.P.).

Depuis 1997, on constate que 19 départs en retraite 7 départ en stage et actuellement 10 postes ne sont pas pourvus.

Postes qui ne sont pas près d'être pourvus, les départs en formation à la rentrée sont insuffisants alors que l'Inspection Académique a enregistré des demandes... Or toute école relève des actions d'un réseau... Ce n'est ni un souhait, ni une revendication, puisque ce sont les termes du texte officiel de 1990!

Nous, nous, retrouvons donc dans une situation quelque peu étrange d'une diminution brutale de l'effectif des rééducateurs au moment où la mise en place des réseaux et surtout leur élargissement (idée de l'égalité des chances pour tous) nécessiterait au contraire des créations.

Là où dans les secteurs couverts par un GA.P.P. on reconnaissait la nécessité de deux rééducateurs (R.P.P. et R.P.M.), il n'en reste souvent plus qu'un (maître G). Cela signifierait-il que l'échec scolaire a été réduit de moitié pendant cette période?

Ou bien qu'un maître G peut avoir la même efficacité que deux rééducateurs de G.A.P.P. (en terme de nombre de prises en charge) ?

Ou peut-être s'agit-il plus simplement d'une volonté politique départementale de réduire l'effectif à un seul maître G par réseau dans le plus de cas possible (ce qui semble-t-il ne saurait tarder).

Nous demandons donc que soient reconsidérées les évaluations qui permettent de décider que tel secteur se contentera d'un seul rééducateur et surtout que l'estimation des besoins parte réellement de la base (conseil d'école).

Il est impératif que cette procédure soit l'objet d'une véritable concertation et d'un contrôle pour que ne se reproduisent pas certaines fermetures autoritaires. La nécessité évidente de nouveaux départs en formation ne pourra plus être occultée.

On parle de redistribuer le " trop plein " de rééducateurs urbains vers les zones rurales, avec la particularité déjà exprimée de ne pas estimer nécessaire la création de nouveaux postes.

On sait que certaines salles de mariages, des ex-logements de fonction, des salles très exiguës, sont toujours le théâtre de séances rééducatives. On peut se demander comment les nouvelles communes vont pouvoir gérer ces nouvelles interventions nécessitant, on le sait, des locaux spécifiques associés à des besoins de crédits d'équipements et de fonctionnement (avec les arguments très convaincants que ce ne sera peut-être que pour 3 ans !).

Beaucoup de collègues ont encore des difficultés à couvrir leurs frais de déplacement... qu'en sera-t-il pour les nouveaux venus ?

Aider un enfant en difficulté ne se fait pas dans l'urgence, sans moyens et sans concertation de toutes les personnes concernées, que ce soit sur le plan humain ou logistique.

Nous assistons dans le Calvados, à de trop nombreux bouleversements ignorant totalement les demandes et la réalité du terrain, suppressions, déplacements, transformations. Les actions sont alors souvent inachevées. Il est impossible, dans ces conditions de pouvoir être efficace dans la continuité et d'avoir une évaluation objective.

Une politique départementale doit :

• accorder une durée minimum de trois ans, prévue par les textes, nécessaire à une action cohérente,

• se donner les moyens d'une véritable concertation permettant l'élaboration d'indicateurs d'évaluation conséquents et compétents qui ne soient pas inspirés d'une logique d'efficacité gestionnaire. La dimension humaine des interventions de tous ceux qui luttent contre l'échec scolaire ne doit-elle pas être le point de départ de toute réflexion ?

• les contenus de la formation continue proviennent nécessairement de l'expression des besoins du terrain. Ils ne doivent pas être seulement fonction de directives impératives. Au niveau des rééducateurs du Calvados, le résultat est probant puisque depuis la suppression du centre de formation de Caen, la plupart d'entre-eux ont refusé les propositions quelques peu manichéennes de l'inspecteur spécialisé.

La réalité du rééducateur peut évidemment se chiffrer :

• en terme de prises en charge

• de réunions

• de réussite

• d'échec

• de kilomètres parcourus bénévolement

• de changements non volontaires de postes

• d'absence de formation continue intéressante

• de nombre d'inspecteurs ayant des difficultés à évaluer la spécificité de son travail

• de manipulations administratives pour réaliser sa disparition douce et progressive.

Mais il existe sur le terrain, dans l'école, reconnu par ses pairs comme évoluant dans un espace difficilement objectivable, nécessaire et incontournable. Faire disparaître administrativement une fonction dérangeante parce que difficilement évaluable en terme de rentabilité n'empêchera pas les souffrances, les incompréhensions, les questionnements, le besoin d'espace relationnel au-delà du pédagogique dans l'école. Dès lors quelle peut-être notre réponse professionnelle?

    4.TEXTES OFFICIELS (extraits )

Le réseau d'aide : texte de référence - circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990

Le public concerné :

D'autres élèves (que les handicapés cités plus haut,), cependant, éprouvent des difficultés à satisfaire aux exigences d'une scolarité normale, difficultés qui ne peuvent être considérées comme des handicaps avérés.

Les actions visant à les prévenir ou les réduire, lorsqu'elles sont installées, ont été organisées en 1970 et précisées en 1976.

adaptation des circulaires n° IV-7083 du 9 février 1970 et n° 76-197 du 25 mai 1976 .

Les aides spécialisées s'insèrent dans l'ensemble des actions de prévention des difficultés que peuvent éprouver les élèves à l'école.

Il faut rappeler que la première aide à apporter aux élèves relève de leurs propres maîtres, dans le cadre d'une pédagogie différenciée.

L'aide spécialisée n'est requise que lorsqu'une réponse pédagogique suffisamment efficiente n'a pu être apportée ou que le recours à une aide spécialisée s'impose, d'emblée, comme une évidence.

Le projet d'intervention n'est arrêté qu'après une étude attentive, qui associe les intervenants du réseau, le maître de la classe et les parents.

Les aides spécialisées s'exercent dans la limite de compétence de chacun des intervenants dont la responsabilité est clairement affirmée.

Les interventions d'aide spécialisées se font à l'école (précision est faite que si cette donnée permet de différencier les aides apportées par le réseau des aides, hors contexte scolaire n'en est pas moins conseillé de proposer des services extérieurs ou des professionnels quand cela est nécessaire ) Deux formes d'action sont définies, dont la nôtre :

Les actions d'aide à dominante "rééducative"

Elles concernent les anciens rééducateurs en psychomotricité et en psychopédagogie. Ils seront désormais regroupés sous la dénomination de maîtres G et leur formation est regroupée. On ne parle pas ici comme pour les maîtres E d'élèves éprouvant des difficultés dans les apprentissages scolaires. Les difficultés deviennent simplement scolaires globales ou particulières.

L'objectif : d'une part de favoriser l'ajustement progressif des conduites émotionnelles, corporelles et intellectuelles, l 'efficience dans les différents apprentissages et activités proposés par l'école et d'autre part de restaurer chez l'enfant le désir d'apprendre et l'estime de soi.

On peut ici mesurer les différences de modalités d'intervention sous-entendues par les deux types d'objectif proposés puisqu'elles concernent en priorité la personne pour revenir ensuite à l'élève.

les modalités pour réussir ce vaste programme sont laissées à l'entière initiative des intervenants puisqu'il est précisé plus loin qu'ils peuvent choisir et mettre en oeuvre, dans chaque cas, les stratégies, les méthodes et les supports les mieux adaptés à leur démarche professionnelle.

L'action d'aide spécialisée à dominante rééducative est entreprise avec l'accord des parents et dans toute la mesure du possible leur concours.

L'indication :

Elle est décidée au niveau d'une concertation regroupant le directeurd’école et où sont mises en commun les différentes observations.

Le contrat:

..Il conçoit et explicite avec le maître, avec l'enfant et sa famille les conditions dans lesquelles l’action d'aide spécialisée est entreprise

Le projet : Il doit être rédigé dans un document qui :

-décrit le cas à traiter, énonce la stratégie envisagée, prévoit la démarche et les supports qui vont progressivement organiser l'action, donne une estimation de sa durée, élabore les modalités de son évaluation.

L'évaluation : Elle est en fait très peu définie. On précise seulement qu'elle doit être régulière et tenir compte des points d'émergence sur lesquels s'appuiera l'action.

L'élève y est toujours activement associé.

Elle confronte à des moments définis le projet au processus en cours.

Elle doit pouvoir être communiquée sous une forme adaptée à l'interlocuteur (enseignant parents, élèves eux-mêmes, autres intervenants, autorités académiques, etc...).

La fin de la prise en charge : Elle est prononcée par le rééducateur et soumise à concertation. Si l'accord est partagé, celui ci en organise les conditions psychologiques et matérielles, informe les personnels concernés et les parents, rédige un bilan final de son action.

Les traces obligatoires demandées par l'administration et qui doivent lui être communiquées si elle les demande, sont constituées par le projet et le bilan.

Le responsable

L'intervention du réseau est définie pour une durée de trois ans.

L'IEN organise les actions et les tâches des intervenants spécialisés.

Il est responsable de l'ensemble des réseaux d'aides implantés dans sa circonscription ainsi que de l'organisation interne, du fonctionnement et de l'évaluation de chacun d'eux.

Les partenaires :

Les enseignants, les intervenants spécialisés, les parents, le médecin de santé scolaire, les assistantes sociales scolaires et les travailleurs sociaux, les services du juge, le SESSAD, les services extérieurs.

Chaque intervenant spécialisé est rattaché administrativement à une école du réseau.

Des indicateurs communs aux membres du réseau doivent être définis et donner lieu à une évaluation collective du réseau (qualitative quantitative et systémique).

Il est spécifié que dans l'inspection sont exclus les entretiens avec l'enfant et les familles.

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